Aiguière

Numéro d’inventaire
GMLC 27
Auteurs
Abel-Étienne Giroux
Année de conception
1805
Style
Empire
Époque
Premier Empire (1804-1815)
Matières
Précieux, Métal
Dimensions (h × l × L)
0 x 0 x 0 m
Description
Aiguière et son bassin en vermeil, par Abel-Etienne Giroux, Paris, vers 1805.

Cet ensemble est décrit dans le mémoire de Friese, "orfèvre-joaillier", adressé au cardinal Fesch pour la grande-aumônerie le 12 germinal an XIII (2 avril 1805), comme "une aiguière et sa cuvette anse lionne", le tout pesant 9 marcs 4 onces et 6 gros, et facturé 1200 francs. Friese, qui livre cette importante commande pour un coût total de plus de 12000 francs, n'est cependant pas l'auteur des objets. La paternité de cette aiguière, comme du bassin qui lui est associé, revient ainsi à Abel-Étienne Giroux, orfèvre parisien qui insculpe son poinçon en 1798. Giroux s'inspire ici manifestement d'un modèle fameux, une aiguière exécutée par Nicolas Delaunay (1646-1727, m.-o. en 1672), remarquable par son anse formée d'un corps de lionne à tête simiesque, appuyée sur un mascaron à consoles (Paris, 1697, Poitiers, trésor de la cathédrale, cl. MH 1955/03/24). Giroux devait posséder le modèle de cette aiguière, au demeurant très diffusé au XVIIIe siècle, puisqu'on connaît de lui une copie fidèle en vermeil de cet objet, accompagnée d'un bassin très similaire au nôtre par sa profondeur, sa forme de navette, et les mascarons (repris de l'aiguière) qui ornent ses extrémités (Londres, vente Christie's, 10 juin 2008, n°135). Dans notre aiguière, Giroux adapte toutefois ces motifs à une forme plus sobre, et d'un style plus classique (pour un ensemble similaire du même orfèvre, voir Cologne, vente Lempertz, 15 juil. 2021, n°202, anc. coll. Bernard De Leye). A l'exception de quelques parties traitées en relief (anse, bordure du bec, pied-rond de l'aiguière, masques du bassin) le reste de leur décor est simplement gravé sur la panse, le col (la frise de flots évoque encore le modèle de Delaunay) et le marli du bassin. Ces chimères léonines à corps de poisson forment un bestaire fantastique qui semble presque incongru pour l'usage liturgique. Seuls deux médaillons ciselés d'une croix fleuronnée rappellent, sur le bassin, sa destination. L'aiguière et son bassin sont ainsi affectées à la chapelle des du Palais des Tuileries à l'inventaire de laquelle on les retrouve en 1819 (A.N., O/3/60) n°13, entré en l'an XIII : "Une aiguière : dans la frise sont gravées des monstres marins, et l'anse formée par un tigre dont les pattes de derrière s'appuyent sur un mascaron en demi-relief. Un bassin très concave, dont les bords, ornés avec une frise de branches de lierre mêlées de roses, ont deux mascarons en demi-relief, aux deux extrémités"

Historique
Livré à la chapelle des Tuileries en 1805
Entré au Garde-Meuble vers 1870
Dépôt du Mobilier national au musée des Arts décoratifs de Paris (1927-2010)

GMLC 27-000-001 : Aiguière.
Le décor, moulé et finement ciselé, se déploie sur la anse, le pied et aux deux-tiers de la panse. La anse prend une forme de lionne bondissant, à laquelle fait écho orientalisant le décor en palmette et lions ailés affrontés sur le pourtour de la panse.
GMLC 27-000-002 : Bassin.
Bassin en vermeil, à décor profane, gravé et ciselé sur la large bordure de forme biseautée. Des têtes de gorgones apparaissent aux extrémités, encadrées par des figures aquatiques et hybrides. Le reste du décor, ciselé, représente des tiges végétales, ornées de palmettes et rosettes. Sous la base est gravée l'inscription "CHAPELLE ROYALE".
Poinçons (bassin) :
d'orfèvre (AEG sous un panache, dans un losange) : Abel-Etienne GIROUX
A propos de l'auteur
Abel-Étienne Giroux (v. 1766-v. 1820)
Le poinçon d'A.-E. Giroux est insculpé en 1798. Associé à l’orfèvre Leguay en 1805, il travaille à partir de 1800 "au Singe Violet" comme sous-traitant de Martin-Guillaume Biennais, fournisseur officiel de Napoléon Bonaparte en 1802. Giroux est l’un des principaux orfèvres que Biennais emploie pour fournir les demeures de l’Empereur.
Bibliographie
DION-TENENBAUM, Anne, « L’Orfèvrerie de la chapelle des pages à Saint-Cloud », dans Sylvain Cordier (dir.), Napoléon. La Maison de l’Empereur, cat. expo. Montréal, musée des Beaux-Arts (3 févr. – 6 mai 2018), Richmond, musée des Beaux-Arts de Virginie (9 juin – 3 sept.), Kansas, musée Nelson-Atkins (19 oct. 2018 – 3 mars 2019), Fontainebleau, château (5 avril – 19 juil. 2019), Paris, Hazan, 2018, p.264 fig.318A

GRANDJEAN, Serge, « Gold and Silver Smith’s work under the Empire and Reminiscences of the XVIIIth century », The Connaisseur (US), octobre 1961, p. 113-117, fig. 11.