TAPISSERIE DE LICE Histoire du Roi L'Audience du Légat le 29/07/1664

Numéro d’inventaire
GMTT-95-001
Auteurs
Charles LE BRUN
Année de conception
1672
Style
Louis XIV
Types
Tapisserie, Tapisserie, Textile
Types
Fils d’or et d’argent, Textile, Laine, Soie
Manufacture et atelier
Manufacture des Gobelins
Dimensions (L × l × h) mètres
7.250 × 5.120
Description
Dénomination : tenture ; élément d'ensemble
Titre : L'Histoire du Roi (1ère tenture à or) : L'Audience du Légat (29 juillet 1664)
Auteur/exécutant : LE BRUN Charles (auteur du modèle) ; manufacture des Gobelins (manufacture) ; LEFEBVRE (atelier) ; Première suite à or, haute lisse - 14 pièces - 2ème pièce - Atelier Jans père, fini par Jans fils
Précision auteur/exécutant : LE BRUN : Paris, 1619 ; Paris, 1690 - Ecole
France - Lieu création / utilisation
France (lieu de création) ; Paris (lieu d'exécution)
Période création/exécution : 3e quart 17e siècle
Millésime création/exécution : 1665 commencé en ; 1672 achevé en
Historique : Cette tenture est la seule complète en haute lisse qui ait été faite aux Gobelins et fut livrée au Garde-Meuble de la Couronne en deux fois. En 1789, cette tenture était à Paris.
Matériaux/techniques : laine, soie, fil d'or, haute lisse
Dimensions : H. 490 ; l. 705
Sujet représenté : scène historique (roi, assis, chapeau, cardinal, lettre, noblesse, mobilier, argent,)
Précision sujet représenté : Dans la salle d'un palais décoré par de riches tentures à dessins d'arabesques sur fond bleu, et deux tableaux représentant des paysages. Au centre de la composition, vers la droite, le cardinal est assis devant un meuble richement sculpté à médaillon ovale représentant une bataille ; il tient un écrit et en fait la lecture au roi Louis XIV qui est assis en face de lui. Des seigneurs de la cour, des prélats et une nombreuse assistance de spectateurs les entourent. Dans la salle de riches candélabres, surmontés de la couronne royale et accostés par des amours. A droite au 1er plan, un grand dignitaire debout devant le lit royal à baldaquin. A gauche, une dame vue de dos, vêtue d'une toilette bleue à reflets roses.
A droite, le roi assis, chapeau sur la tête, écoute la lecture du papier que tient le cardinal Chigi assis devant lui, dans la ruelle de son lit. Derrière la balustrade, à gauche, foule de seigneurs et d'Italiens, prélat en manteau bleu violet, vu de dos. Grand lampadaire d'argent à l'extrême gauche. Riche cabinet dans le fond.
Statut juridique : propriété de l'Etat ; Paris ; Mobilier national
Rédacteur : Emmanuelle Plumet ; Monique de Savignac ; Jean Vittet

Cette tapisserie qui présence une erreur de représentation par rapport à la scène réelle fit l'objet d'un compte rendu précis par Saint-Simon dans ses Mémoires, tome 2, ch. V en 1698 :
"Étant allé un matin faire ma cour au roi à Meudon, où il était libre aux courtisans d'aller, le hasard fit qu'après le lever du roi, j'allai m'asseoir dans une pièce par où le roi allait passer pour aller à la messe, qu'on appelait la chambre de Madame. Justement la tapisserie qui fut faite de cette audience avec les visages au naturel était tendue dans cette chambre. Je remarquai que les deux comtes de Soissons et d'Harcourt y étaient représentés couverts. Je me récriai sur cette faute. Chamlay, assis auprès de moi, répondit que MM. de Savoie et de Lorraine étaient couverts aux audiences. J'en convins, mais je lui appris la différence de celle-ci. Je sentis ou la ruse des princes de s'être dédommagés pour l'avenir par une tapisserie subsistante, ou la sottise de ceux qui l'avaient faite. J'en parlai aux ducs de Chaulnes, encore alors en pleine santé, de Chevreuse, de Coislin, qui avaient été à cette audience, et à d'autres encore. M. de Luxembourg, qui vivait et qui s'y était trouvé, et qui avec MM. de Chaumes et de Coislin s'était le plus remué lors de cette audience, entra dans cette méprise. Ils parlèrent à Sainctot qui était lors maître des cérémonies. Il convint tout d'abord qu'il était vrai que les deux comtes étaient demeurés découverts, et à toute l'audience, et que le légat seul y fut couvert. Ces messieurs lui proposèrent de faire une note sur son registre du mensonge de la tapisserie. Il renifla, et fit ce qu'il put pour leur persuader que cela n'était pas nécessaire, et on va voir pourquoi; mais comme il vit qu'ils s'échauffaient, et qu'ils parlaient de le demander au roi, il n'osa plus résister. Ils allèrent donc avec lui chez Desgranges, maître des cérémonies. Il montra le registre, mais il se trouva qu'il ne portait pas un mot qu'il y eût quelqu'un de couvert ou non, d'où il résultait que les deux comtes l'avaient été, puisque, l'étant toujours, la différence de ne l'être pas cette fois-là valait bien la peine d'être exprimée. Ces messieurs ne purent s'empêcher de montrer à Sainctot qu'ils sentaient vivement son infidélité; lui aux excuses de la négligence et bien honteux. Il écrivit à la marge tout ce que ces messieurs lui dictèrent sur la tapisserie, et le signa; mais cela fit que ces messieurs ne s'en contentèrent pas, et qu'ils se firent donner chacun un certificat par Sainctot, et de la vérité du fait, et du mensonge de la tapisserie, et du silence du registre, et de ce qui y avait été mis en marge.
Bibliographie
Maurice Fenaille, Etat général des tapisseries de la manufacture des Gobelins depuis son origine jusqu'à nos jours, 1600-1900, Impr. nationale, Paris, 1903-1923 (II, p. 114-115).
Jules Guiffrey, Inventaire général des richesses d'art de la France, Paris, monuments civils, tome IV : Tapisseries du Garde-Meuble, Paris, 1913 (p. 67).
Jean Vittet, Tapestry in the Baroque, Threads of Splendor, The Metropolitan Museum of Art, New York, 2007, p.374-389
Cat. exp. "Louis XIV. L'homme et le roi", Paris, 2009, p. 73.
Vittet (Jean) et Brejon de Lavernée (Arnauld), La Collection de tapisseries de Louis XIV, Dijon, 2010, p.185.
Collectif, Décors, mobilier et objets d'art du musée du Louvre de Louis XIV à Marie-Antoinette, , Paris, 2014, p.114-115.