TAPISSERIE DE LICE Les Femmes à leur toilette

Numéro d’inventaire
GOB-1297-000
Auteurs
Pablo PICASSO
Style
Années 1990
Types
Tapisserie, Tapisserie, Textile
Manufacture et atelier
Manufacture des Gobelins
Dimensions (L × l × h) mètres
0.600 × 0.580
Acquisition
1990-12-31
Description
Fragment couleur. Essai tissé pour la tapisserie Femmes à leur toilette, réalisée aux Gobelins.

Historique :
C'est entre 1937 et 1938 que Picasso réalise Femmes à leur toilette. Pour lui, comme pour beaucoup d'artistes, l'exposition de 1937 a été l'occasion d'un « retour au mur » et, si l'on ne peut parler ici de peinture monumentale, c'est bien dans la filiation de Guernica qu'il faut situer cette œuvre. Les travaux en tapisserie de Marie Cuttoli ont influencé Picasso : à ce moment-là, il souhaite créer un carton directement conçu pour la tapisserie et a l'idée de recourir au procédé du collage. Femmes à leur toilette est donc la seule œuvre conçue par Picasso en vue d'une tapisserie. Elle apparaît comme un défi lancé par l'artiste à la technique du lissier, tant il a pris plaisir à multiplier les passages de tons et les difficultés du dessin, jouant autant sur les bords déchirés des papiers que sur la diversité de leurs motifs auxquels, par endroits, vient se superposer la peinture.
C’est lors de la grande rétrospective consacrée à Picasso (1966-1967) que Malraux décide le tissage de cette œuvre par la manufacture des Gobelins. En 1967, Picasso, convaincu par son fils Paulo et Maurice Jardot, donne son accord pour un tissage sous la conduite de Pierre Baudoin. C’est à l’atelier de Mougins en 1967 que Baudoin vient présenter le carton photographique et les essais de tissage à l’artiste. Voyant de son balcon la photographie déroulée sur le sol du jardin, Picasso a l’idée de faire réaliser une tapisserie en noir et blanc.
Trois ans plus tard, le 15 juin 1970, il autorise la réalisation de deux autres exemplaires (un en couleur et l’autre en noir et blanc), qui sont demeurés la propriété de l'Etat, les premiers étant remis à l'artiste en paiement des droits de reproduction.
C'est une véritable prouesse technique qu'ont ici réalisée les Gobelins pour traduire les nombreux détails du collage. 12 couleurs ont été nécessaires pour l’exemplaire en noir et blanc tandis que la version couleur en a nécessité 89. Ces tapisseries se placent donc à contre-courant des théories de Lurçat, pour qui la tapisserie devait se limiter à une vingtaine de tons, à l'opposé également des tapisseries abstraites qui n'offrent qu'un nombre réduit de teintes, posées en aplats.
Le sujet choisi, aboutissement de toutes ces figures féminines lisant, dormant ou se coiffant, peintes dans ces années 1935-1937, évoque également les trois femmes (Dora, Marie-Thérèse, Olga), qui se succèdent à cette époque dans la vie de l'artiste. Et c'est son reflet - celui d'un spectateur - qu'encadre le miroir, ambigu comme celui des Ménines de Vélasquez auxquelles les Femmes à leur toilette font irrésistiblement songer.
Bibliographie
Collectif, album de l'exp. Gal. Gobelins, Au fil du siècle, Chefs-d'oeuvre de la tapisserie 1918-2018, SilvanaEditoriale, Milan, 2018, p.59, fig.37
Collectif, Die Fäden der Moderne, Hirmer, Munchen, 2019, 216 p., kat. 26.