- Description
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Huile sur toile
1757-1758
3,80 x 3,80 m (dimensions totales)
Bordure pour la tenture du Lever et du Coucher du Soleil d’après des modèles de François Boucher, commandée en 1757 à la manufacture des Gobelins par Madame de Pompadour pour son château de Bellevue. Les modèles de Boucher furent exécutés en 1752-1753 (Londres, Wallace Collection, inv. P 485 et P 486) et transcrits sur les métiers des lissiers de 1754 à 1755.
En 1757, le transfert des tapisseries de Bellevue à l’hôtel d’Evreux nécessita la commande d’une bordure susceptible de les adapter à leur nouvel emplacement. La marquise souhaita que son dessin « soit fait par M. Boucher » (Mondain-Monval, 1918, n°32) mais leur exécution fut finalement confiée à Maurice Jacques, spécialiste de peinture de fleurs et d’ornements. Afin de les accorder aux tapisseries, le peintre consulta et suivit néanmoins « avec zèle les conseils de M. Boucher » (Mondain-Monval, 1918, n°51) qui lui « donn[a] ses idées » (Mondain-Monval, 1918, n°33).
Le paiement à Maurice Jacques par la direction générale des Bâtiments du roi est mentionné dans le « Mémoire des ouvrages de peintures » des années 1757-1758 : « Plus pour une Bordure très riche tant en ornemens qu’en fleurs, de douze pieds de large sur pareille hauteur, composant huit tableaux, pour ce 2000 lt » (Fenaille, 1923, p. 181) : une somme élevée justifiée par l’idée que le modèle pourrait « servir longtemps pour les ouvrages du roy » (Mondain-Monval, 1918, n°51).
Comme l’atteste le mémoire, le modèle fut presque immédiatement divisé en huit parties, dont sept sont aujourd’hui conservées, l’angle inférieur gauche étant perdu. Le découpage devait faciliter le travail des lissiers et des indications anciennes, encore lisibles, leur permettre de restituer le positionnement des fragments.
Le modèle de bordure fut conçu par Maurice Jacques comme un faux cadre de bois associant motifs rocaille symétrisés – dans les cartouches au centre et aux angles – et premières influences néoclassiques (motifs de grecque, frise d’acanthe, tores de laurier). Afin de garantir l’illusion, de véritables baguettes servirent de modèle au peintre (Mondain-Monval, 1918, n°33). Magistralement décrites, les fleurs au naturel contribuent à l’effet illusionniste de l’ensemble : reliées par de délicates tiges, pavots, pivoines, roses, lilas, œillets, renoncules se suspendent et s’enroulent autour des montants et des cartouches, sur un semis de myosotis. Au centre du montant supérieur (GOB-193-006), une lyre surmontée d’une couronne et de rayons solaires se substituent au motif de la coquille afin d’évoquer Apollon, personnage des sujets centraux, auquel le roi Louis XV était assimilé.
Inscriptions ;
GOB-193-001 : « I coin d’en bas»
GOB-193-002 : « 2e coin d’en haut »
GOB-193-003 : « I coin d’en haut »
GOB-183-004 : « milieu de la Ie Bordure plate »
GOB-193-005 : « milieu de la 1re Bordure 2e plat »
GOB-193-006 : « milieu d’en haut »
GOB-193-007 : « milieu d’en bas »
L'oeuvre fut restaurée à l'occasion de l'exposition "Les Gobelins au siècle des Lumières" en 2013, grâce au concours de la fondation BNP Paribas.
- Bibliographie
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- Guiffrey (Jules), Les Modèles et le musée des Gobelins, Paris, s.d., pl. 67.
- Mondain-Monval (Jean), Correspondance de Soufflot, 1918, n° 32, 33, 51 et 57.
- Fenaille (Maurice), État général des tapisseries de la manufacture des Gobelins depuis son origine jusqu'à nos jours, t. IV, 1907, p. 179-181, ill.
- Salmon (Xavier), Madame de Pompadour et les arts (cat. exp.), 2002, p. 369, cat. 157 p. 380-381, ill.
- Vittet (Jean), Les Gobelins au siècle des Lumières. Un âge d'or de la manufacture royale (cat. exp.), 2014, p. 293, fig. 211 p. 296-297.