- Description
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Huile sur toile
Dimensions avec cadre : 0,900m x 0,610m x 0,028m
1759
Ce carton s’inscrit dans une série de dix aujourd’hui conservée au Mobilier national, comprenant les modèles de quatre fonds (GOB 249/4, GOB 249/5, GOB 249/7, GOB 249/9) et de trois dossiers de fauteuil (GOB 249/6, GOB 249/8, GOB 249/10), d’un fond (GOB 249/3) et d’un dossier de canapé (GOB 249/24), ainsi que d'un écran de cheminée (GOB 249/25).
Edith A. Standen identifia la première ces cartons aux modèles de sièges en tapisserie des Gobelins commandés en 1756 par le marquis de Marigny pour accompagner la tenture des Amours des dieux de François Boucher (Standen, 1985). Maurice Jacques, peintre de fleurs et d'ornements à la manufacture, fut chargé de leur conception. Les cartons de cinq fauteuils (« dix tableaux composés et variés de différens jets de fleurs coloriés avec bordures d'ornemens entrelassés de petits fleurs et plus dix petits tableaux pour les manchettes ») et d'un canapé (« deux tableaux, l'un de 6 pieds I/2 et l'autre de 7 pieds I/2 ornés de fleurs et d'une bordure d'ornemens composés et analogues aux dits tableaux cy-dessus et deux petits tableaux pour les manchettes ») sont mentionnés dans le Mémoire de l’artiste de 1757 (Fenaille, 1907, p. 389). En 1759, puis en 1760, les Mémoires évoquent encore les cartons d’un écran de cheminée « composé d’ornements et fleurs » et d’« un dossier et [d’]un siège de fauteuil pour compléter le meuble » (Ibid., p. 390-391). L'ensemble fut payé à l'artiste près de 2 295 livres répartis comme suit : 1250 lt pour les fauteuils, 675 lt pour le canapé, 120 lt pour l'écran et 250 lt pour le fauteuil supplémentaire.
Tissé dans l'atelier de basse lisse de Jacques Neilson, le meuble intégra l’hôtel du marquis de Marigny, situé rue Saint-Thomas-du-Louvre à Paris, en 1761 ; l’ordre de livraison accordé par le roi le 25 février en précise la composition – « un écran, un sopha [sic.] et douze fauteuils [chaque modèle de Jacques ayant été répété deux fois] » (Fenaille, 1907, IV, p. 390).
Les cartons conçus pour Marigny figurent parmi les plus belles productions de Maurice Jacques pour les Gobelins. Unique, leur fond blanc résulte d’une idée de Soufflot : « j’ai demandé à Mr Neilson un fond d'un blanc bleuâtre qui, je crois, fera briller les fleurs, et s'accordera avec la boiserie de la chambre, dont le fond sera blanc verni et les moulures dorées ainsi que les bois des fauteuils » (Lettre de Soufflot à Marigny, 10 septembre 1757, cité dans Fenaille, 1907, IV, p. 389). Jean Vittet relève le caractère tout aussi exceptionnel du « curieux ornement vert qui forme la limite du contrefond », et qui « semble presque avoir été fondu dans le bronze » (Madame de Pompadour et les arts, cat. exp., 2002, p. 400).
En 1759, Mme de Pompadour fit réemployer les modèles de son frère pour un ensemble de meubles mais modifia la couleur des contrefonds, qu’elle préféra mordoré plutôt que blanc. Dix fauteuils « en fleurs et ornements, fond blanc et maurdoré », ainsi que de deux canapés, un paravent – une nouveauté par rapport au mobilier de Marigny – et un écran « de pareille tapisserie des Gobelins » correspondant à cet ensemble figurent dans son inventaire après décès (Madame de Pompadour et les arts, cat. exp., 2002, p. 372).
Les modèles servirent à de nombreux autres tissages jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, au point de rendre malaisée l’identification des premières garnitures exécutées pour Marigny.
L’œuvre a été restaurée en 2013 à l’occasion de l’exposition « Les Gobelins au siècle des Lumières ».
- Bibliographie
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- Fenaille (Maurice), État général des tapisseries de la manufacture des Gobelins depuis son origine jusqu'à nos jours, 1907, IV, p. 389-391.
- Standen (Edith), European Post-Medieval Tapestries and Related Hangings in The Metropolitan Museum of Art, 1985, p. 403.
- Standen (Edith), « Madame de Pompadour's Gobelins Tapestries », Conservation Research : Studies of Fifteenth to Nineteenth-Century Tapestry, 1993, p. 24-26.
- Salmon (Xavier), Madame de Pompadour et les arts (cat. exp.), 2002, p. 372-373
- Vittet (Jean), Les Gobelins au siècle des Lumières. Un âge d’or de la manufacture royale (cat. exp.), 2014, p. 335, fig. 244 p. 341.