TAPISSERIE DE LICE Iliade, chant IV 140

Numéro d’inventaire
GOBT-1312-000
Auteurs
David BOENO
Année de conception
1994
Style
Années 1990
Types
Tapisserie, Tapisserie, Textile
Types
Laine, Textile
Manufacture et atelier
Manufacture des Gobelins
Dimensions (L × l × h) mètres
3.000 × 2.500
Acquisition
1994-02-25
Description
Dégradé horizontal de rouges sur lequel est inscrit un passage de L' Iliade de Homère :
" Iliade
Chant IV . 140
Un sang noir aussitôt
coule de la blessure .
Comme on voit une femme
de Méonie ou de Carie
teindre de pourpre un ivoire ,
ainsi, Ménélas, se teignent
de sang tes cuisses vigoureuses,
tes jambes,
jusqu'à tes splendides chevilles.

Matière : laine
Signature : G broche 1993
Tissage : Manufacture des Gobelins haute lice
04/03/1993 au 25/02/1994
chef d'atelier Evelyne Guy ; chef de pièce Marie-hélène Blanchard
13 couleurs synthétiques ; 3.8 fils de chaîne au cm
Modèle : carton SA 73 achat 1992

Historique :
"David Boeno a choisi de réaliser une maquette annotée, accompagnée d’indications chromatiques sur papier millimétré. Il élabore un concept à partir d’une idée précise : l’écriture considérée en tant qu’image. Du récit de l’Iliade, chant IV, vers 140, il extrait deux éléments : le texte et sa représentation.
Considérant la tapisserie dans sa spécificité, il conçoit l’écriture tissée point par point, comme une calligraphie. Les lettres correspondent à des ensembles de points comme une trame produite par un métier Jacquard ou par les pixels de l’ordinateur. L’écriture est ainsi perçue comme une image. L’artiste magnifie le texte d’Homère en l’élevant à l’une des couleurs du spectre solaire, le rouge. Sa décomposition se réfère à la scène de Ménélas blessé. La couleur est associée à l’idée du sang de la blessure. Boeno part du principe que ce qui se donne à voir, se donne aussi à lire. Le texte devient symbole par la couleur et produit l’osmose entre écriture, image et expérience optique. Le noir et le rouge imbriqués instaurent une dimension dramatique.
Michel-Eugène Chevreul (1786-1889)10 et ses travaux sur les effets optiques de la perception des couleurs intéressent Boeno pour leur application à la tapisserie. Il utilise les dégradés les plus subtils, les contrastes progressifs qui conduisent à la vibration de la couleur.

Le dialogue entamé avec le lissier permet l’emploi d’une technique spécifique pour traduire l’œuvre dans le tissage : le chiné pour le fond, le point ras pour le relief des lettres. Quand Boeno découvre la tapisserie terminée, il évoque le processus de « révélation » de la photographie. Il s’émerveille de la richesse du matériau, du récit rendu lisible par les dimensions et de l’ensemble des lettres qui rythment et structurent le tissage dans l’espace du mur."

Extrait de Alberte Grynpas Nguyen, « Tapis tapisseries d’artistes contemporains. Manufactures nationales des Gobelins, Beauvais, Savonnerie, 1960 à nos jours », Paris, Flammarion, 2006, p. 38-40.
Bibliographie
Expo , Beauvais , Galerie nationale de la tapisserie , 16/10/2001 - 15/05/2002
n°5