- Description
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Sanguine avec quelques rehauts de blanc.
Vers 1680 ?
L'Armée de Louis XIV au prieuré de Fives devant Lille
Sanguine sur une très légère esquisse à la mine de plomb (pour certaines ligures), avec légers rehauts de blanc, sur deux feuilles jointes.
H. 0,467 ; L. 1,300.
Mis au carreau à la mine de plomb.
Collé en plein sur toile.
Le roi entouré de son état-major, sur la gauche au premier plan, est représenté non loin du prieuré de Fives où le camp royal s'installa. Rappelons que le prieuré fut détruit pendant le siège de 1792 (Exp. Lille, 1967-1968, n° 70). Au fond s'étend la ville de Lille. Malgré les ré licences que Louvois et Turenne manifestèrent à propos du projet du siège de Lille, Louis XIV arriva devant la ville le 10 août 1667. Il prit part dès lors personnellement à la préparation du siège et chargea Vauban de diriger les attaques. Dans la nuit du 27 au 28 août la ville capitula (Marquis de Quincy, 1726, I, pp. 281-284). Après que la conquête de Lille eut été garantie par le traité d'Aix-la-Chapelle (1668), Vauban projeta les plans d'une citadelle qu'il ne put commencer que deux ans plus tard. Elle lut achevée en 1693 (Parent, Verroust, 1971, p. 288). L'Arrivée de Louis XIV devant la ville de Lille fut représentée plusieurs fois par Van der Meulen et par son atelier, tout d'abord dans une des pièces de la tenture de l'Histoire du Roi (Meyer, 1980, p. 93). Par ailleurs, l'artiste exécuta pour Marly une peinture, mentionnée dans le Mémoire (p. 130), la ville de liste en Flandre, le Roy sur le devant avec sa Cour (Versailles, MV 6058 - Exp. Lille, 1968, n° 102) pour laquelle le présent dessin, très achevé, est directement préparatoire. En 1685, celle composition peinte qui avait été exécutée sans doute peu de temps avant, fut gravée par Huchtenburg et Boudevvyns (B.N.Est, Aa 10f). On peut noter qu'une autre version identique à celle de Versailles est conservée au Musée des Beaux-Arts de Dijon (Inv. 1883, n° 152 - Roy, 1980, p. 58, pl. 18). Selon M. Jean-Marie Moulin (1960), cette dernière toile appartiendrait vraisemblablement à la décoration de Choisy. L'importance accordée au paysage plus qu'aux figures dans la composition dessinée avait déjà été signalée à propos de la peinture conservée à Versailles (op. rit. - cf. Exp. Lille, 1968, n° 102). En effet, par rapport à la tapisserie de l'Histoire du Roi, la mise en page est plus aérée ; les figures, placées avec un certain recul, son intégrées dans un vaste paysage que Van der Meulen s'attache à détailler avec soin. Sans doute le souvenir de sa formation flamande se manifeste-l-il dans l'élude presque décorative de l'arbre mort et du tronc penché à droite. Signalons avec quel soin et quelle précision topographique, dénués de toute sécheresse, sont exécutés le second plan et le fond du dessin. Le premier plan, repris par endroits, est au contraire esquissé ; il témoigne des recherches de mise en page et révèle l'habileté de l'artiste à grouper les figures. On peut noter le beau raccourci du cheval se cabrant de face, au centre. Par ailleurs, le traitement des arbres semble caractéristique de la technique de Van der Meulen qui utilise quelques hachures parallèles et de longs traits ; le feuillage, plus ou moins détaillé, est constitué de coups nerveux de sanguine. Le Cabinet des Dessins du Louvre possède plusieurs Vues du prieuré de Fives, vraisemblablement prises sur le motif lors de la campagne de Flandre de 1667 (Inv. RF 4919, RF 4920, RF 4921 - Lugt, 1949, 1, n° 824, 826, 825). Une grande étude d'ensemble pour la peinture de Marly est également conservée dans cette même collection (Inv. RF 4918 - Lugt, 1949, 1, n° 823, repr.). L’annotation portée au verso de cette feuille, « L'isle n° 20», figure dans l'inventaire des ouvrages de la Manufacture dressé par Yvart en 1690 (Guiffrey, 1892, p. 162). Le dessin se trouvait donc, au moment du décès de l'artiste, aux Gobelins. Il en sortit ultérieurement.
- Bibliographie
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Cat. expo., Beauvais, Galerie nationale de la tapisserie, à travers les collections du Mobilier National (XVI - XX s. ), 2000, p. 75 n° 50
Bibl. Gerspach, 1888, n° 135
Darcel, 1902, p. 120.
Exp. Paris, (1931), n° 51
Exp. Nyon, 1957, n° 105, repr.
Expo. Paris, 1977-1978, n° 252, repr.
Laure Starky, Dessins de Van der Meulen et de son atelier, RMN, 1988, n° 22
Cat. expo., Beauvais, Galerie nationale de la tapisserie, A travers les collections du Mobilier National (XVI - XX s. ), 2000, p. 75 n° 50
JOSEPH-FRANCOIS Didier. Lille, la maison et la ville. Aire-sur-la-Lys, Atelier galerie éditions, 2019, 686 p., (pp. 134).