- Description
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Vue de la ville d'Aire-sur-la-Lys
Sanguine sur deux feuilles jointes.
H. 0,435; L. 1,661.
Mis au carreau à la pierre noire.
Traces de reprise au poinçon.
Pliures verticales, déchirures en bas à gauche, jaunissement.
Collé en plein sur toile.
Le maréchal d'Humières, sur les ordres de Louis XIV qui avait regagné la France, entreprit le siège d'Aire. La ville fortifiée fut prise le 31 juillet 1676 (Marquis de Quincy, 1726, I, p. 481). Rappelons que la place d'Aire formait avec celle de Saint-Omer, conquise en 1677, l'Artois réservé qui n'avait pas été cédé à la France lors du traité de paix des Pyrénées (1659). Au moment où Van der Meulen entreprit son huitième voyage en 1679, comme le confirme une lettre de Colbert au gouverneur d'Aire (Clément, 1861-1882, V. p. 401, note 2), la France, à la suite des négociations du traité de Nimègue du 5 février 1679, venait d'entrer en possession de ces deux villes. La présente étude, reprise au poinçon et de même longueur que la Prise d'Aire (Versailles, MV 130) classée à J.B. Martin, servit vraisemblablement de carton pour l'arrière-plan du tableau. J.B. Martin exécuta également une autre composition, différente, Le Siège d'Aire (Versailles, MV 129). De mêmes dimensions que le premier tableau cité, celui-ci proviendrait de Marly (Constans, 1980, n° 3150) ; pourtant aucun des dessins conservés au Mobilier national, ni même la présente vue, ne sont en relation avec la peinture. Il n'est donc pas impossible que la composition destinée à la décoration des dessus de portes de Marly corresponde à la Prise d'Aire citée ci-dessus. En partie exécutée par Van der Meulen, elle est mentionnée dans son Inventaire (p. 132) : « Aire, plus qu'ébauché à la réserve des figures du devant ; le lointain et le ciel finy, mesme mesure (7 pi. 2 po. sur 5 pi. 7 po.) » (2 m 32 sur 1 m 81). Remarquons que la longueur du tableau (7 pieds 2 pouces), en premier, donnée dans ce document, semble erronée ; en effet, cette série peinte pour les dessus de portes était d'un format presque carré. La dimension de la toile est d’ailleurs rectifiée dans l'état des tableaux trouvés sous le scellé mis sur les biens de Lecomte en 1695 ; « ... la ville d'Aire... (5 p.1/2 de haut sur 5 de large (1 m 78 sur 1 m 62)) destiné pour ledit chasteau, aussi peint par feu M. Van dermeulen ; lequel n'estoit point achevé, donné audit sieur Lecomte pour l'achever. Il y a travaillé et ne l'a pas finy. » (Guiffrey, 1883, p. 171). La peinture, terminée alors par J.B. Martin, fut placée à Marly au côté de la Vue de Dœsburg dans la «salle où le roy mange» (Piganiol de la Force, 1701, p. 374). Dès cette époque, l'œuvre est donnée à J.B. Martin. Le Cabinet des Dessins du Louvre conserve également une Vue d'Aire, identique à celle du Mobilier national, mais de dimensions inférieures (Inv. RF 4885 - Lugt, 1949, 1, n° 775 repr.). Au centre s'élève le beffroi et sur la gauche l'imposante collégiale Saint-Pierre. La facture ferme et vigoureuse du dessin étudié que l'on retrouve dans plusieurs compositions à la sanguine, citons les vues de Naerden ou de Leau (cat. Starky 81, 152), est proche de celle du maître. Pourtant le rendu systématique et répétitif du feuillage incite à formuler quelques réserves. Frits Lugt (op. cit.), lui-même, attribuait le dessin du Mobilier national à l'atelier.
- Bibliographie
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Bibl. Gerspach, 1888, n° 4
Darcel, 1902, p. 126.
Exp. Paris, (1931), n° 134.
Laure Starky, Dessins de Van der Meulen et de son atelier, RMN, 1988, n° 140