Restauration d'une torchère en tôle vernie du début du XIXe siècle
Le rapport détaillé
5 min
En 2020 est passée en lustrerie et dans l'atelier de la restauratrice Julie Schröter une grande torchère pour le moins atypique...
Un exemplaire rare dans ce matériau
Sa particularité tient plus à ses matériaux.
En 1894, l'inventaire la décrit en ces termes : "candélabre, en bronze au vert antique, socle triangulaire, ornements en bronze ciselé et doré, moulures, patère a tête de méduse, tailloir surmonté de 3 génies ailés, guirlandes de fleurettes. Colonne à culot à feuilles d´acanthe entourée de verre, terminée par une coupe à oves et palmettes" (GML 133).
Elle porte l'ancien numéro 2165. Quand on lit vert antique, il s'agit à l'époque d'une teinte ou patine avant tout , entre le vert sombre et le noir.
La restauratrice qui l'a eu entre les mains a émis l'hypothèse d'une création de vernis de la manufacture de vernis sur métaux rue Martel (Dubaux et Deharme).
L'ensemble est composé d'une série de pièces s'emmanchant sur un axe central en métal ferreux boulonné. Des ornements qui l'agrémentent sont eux aussi montés vraisemblablement par boulonnage (étoiles comme couronnes).
Le fût principal (partie haute) est composé en tôle couverte d'un vernis rougeâtre transparent (pouvant faire penser à un beau cuivre de batterie de cuisine). On ne le retrouve sain que dans les parties qui ont été protégées des outrages du temps et de la lumière, tandis que certaines parties en cuivre sont dorées au mercure ; et tout ce qui offre un ornement en relief est ajouté (au besoin agrafé / boulonné) et composé soit dans un alliage du plomb moins résistant pour ce qui nécessite un moule spécifique (angelots) doré à la feuille vernie, soit pour quelques éléments en série comme les étoiles en laiton doré au mercure.
Principales altérations
L’œuvre souffre de quelques bris ou éléments désolidarisés, d'assemblages à l'étain fragilisés.
Le vernis du fût est quant à lui devenu rougeâtre oxydé et craquelé quand il n'est pas parti pour laisser place à une couleur grise.
La dorure des ornements plombifères comme les enfants s'est altérée, tandis que la couleur "vert à l'antique" s'est craquelée.
Principales actions : redonner du lustre
Dépoussiérées, les parties de métal à nu (ayant perdu leur verni) ont été imperméabilisées.
Sur la partie basse, le vernis brun, devenu opaque a reçu une résine acrylique permettant de refixer le vernis mais aussi de protéger le métal de la corrosion.
Sur le fût, le vernis rouge (qui donnait peut-être l'allure d'un cuivre de batterie de cuisine à l'époque de sa création (ou d'un verre de couleur ?) a été refixé là où il avait craquelé et nettoyé à l'aide d'un gel d'agarose avec 0,5 % de citrate de sodium dans de l'eau déminéralisée apposé quelques minutes puis rincé avec coton humidifié. Les parties qui avaient perdu leur vernis rouge, donc à nu, ont été dégraissées et nettoyées à l'acétone et imperméabilisées avec solution protégeant le métal.
C'est au tour des différentes dorures d'être nettoyées :
- celles à la feuille vernie comme les chérubins en métal à plomb, sont nettoyées au petit pinceau doux et coton et émulsion grasse rincée.
- celles en alliage de cuivre doré au mercure sont simplement nettoyées au tri-citrate d’ammonium à 3 %, rincées et séchées en étuve.
Avant / après
Découvrir la notice détaillée de cet objet
Julie Schröter, Rapport d'intervention. GML 133, 2021.
Véronique Plotard-Cieslik, « Tôle et laque, un mariage réussi », Les Secrets de la laque
française. Les vernis Martin, Paris, Les Arts décoratifs, 2014, p. 267–270
Isabelle Bideau.