Conserver et restaurer les tapis
L'atelier de restauration de tapis du Mobilier national
4 min

L’atelier de restauration de tapis a pour mission principale la préservation des collections de tapis destinés au sol mais également des tentures murales, des couvertures de sièges, des écrans de cheminée et des paravents au point noué.
Destinés à l’ameublement des résidences présidentielles, des ministères ou autres corps d’État, les biens peuvent aussi figurer dans des expositions ou être déposés dans des musées-châteaux.
Ses interventions vont de la simple stabilisation/consolidation sur sites, à la restauration-conservation la plus approfondie jusqu’à la réintégration d’éléments disparus mais renseignés, notamment les devants de cheminées découpés dans les tapis de la Savonnerie.

La composition d'un tapis avant dégradation

Endroit du tapis, côté velours

Envers du tapis
Un tapis est constitué de chaînes, de duites, de trames bouclées et d’une succession de nœuds dits «ghiordès», qui forment le velours.

Nœud avec aiguille courbe

Les trames sont l'ensemble des fils qui parcourent transversalement les fils de chaînes tendus sur le métier à tisser.

Les points d'arrêt permettent de bloquer les nœuds et fils une fois le tapis terminé.
La restauration des tapis
Tapis de Savonnerie, tapis d’Aubusson, tapis d’Orient… les tapis de toutes provenances sont restaurés à l’aiguille par l’atelier. Les techniques les plus utilisées vont de la simple stabilisation à une restauration-conservation approfondie.


Les bordures de ce tapis -vu sur l'envers- sont victimes de cassures simples : les duites et les trames sont distendues ou absentes.

Les restaurateurs les remplacent pour en consolider la structure.

Le velours d’un tapis lacunaire est réalisé à l’aide d’une aiguille courbe passée entre les rangs formés par le chaînage-tramage.

Ces restaurations fondamentales peuvent prendre plusieurs années.

Recréer les motifs disparus
Dans le cas de lacunes importantes, les techniciens peuvent être amenés à retisser des éléments disparus mais renseignés, notamment les devants de cheminée découpés dans les tapis de Savonnerie. Ils doivent alors rechercher des couleurs identiques à celles du reste du tapis et reconstituer le dessin originel.
Un dessin au poncif sert de modèle au retissage des motifs décoratifs.

Tapis découpé, en cours de restauration, avec motif historique et trame vierge

Rhodoïd posé sur le tapis en cours de restauration afin de piquer à l'aiguille les courbes du dessin sur celui-ci puis verser de la poudre de sanguine qui se répercutera sur la trame vierge.

Dessin des motifs à tisser sur une trame vierge, reconstituant le motif historique.

Interventions extérieures
Il arrive également que les restaurateurs se déplacent sur un lieu de dépôt afin de pratiquer des interventions d’urgence, recourant à diverses techniques qui permettent d’arrêter et de stabiliser les altérations.

« D’avoir tant de splendeur sous vos pieds, tant de motifs propres à captiver l’œil, mais qui veulent s’effacer sous vos semelles, vous pousse à regarder votre prochain autrement, puisque cela vous suggère qu’il est plus beau encore. »1
Dans les réserves de laine de l'atelier

Les matériaux employés sont d’origine animale (laine, soie) ou végétale (lin, coton).
Les outils utilisés pour la restauration de tapis









1 Fabrice Hadjadj, Dernières nouvelles de l’homme (et de la femme aussi), 2017
Isabelle Bideau, Wikimedia commons, Muriel Cinqpeyres.