Conserver et restaurer les tapisseries
L'atelier de restauration de tapisseries du Mobilier national
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L’atelier de restauration des tapisseries du Mobilier national, installé sur deux sites, l’un à Paris, l’autre à Aubusson, centre traditionnel de production de tapisseries depuis la Renaissance, compte le plus grand nombre d’agents. Il assure l'entretien des tapisseries de la collection très étendue du Mobilier national (3 700 pièces), la première au monde, ainsi que les garnitures de sièges. Suivant la nature, l’état et la destination de l’œuvre, les interventions visent à conserver ou à restaurer. La restauration-conservation a pour objet d’assurer la stabilité de la pièce.
Nettoyer et préserver les tapisseries

Les restaurations sont exécutées sur des œuvres préalablement nettoyées par des ateliers extérieurs spécialisés ou par l’atelier lui-même pour les petites dimensions. Les interventions peuvent être de conservation ou de restauration, suivant la nature, l’état et la destination de l’œuvre.
Ici, les tapisseries de la tenture des Métamorphoses d’après François Boucher (Manufacture des Gobelins, 1784-1792, GMTT 215-001, 002 et 003) sont en train d'être nettoyées. Elles ont été vérifiées et dépoussiérées de la galerie Morny, au rez-de-chaussée de l’hôtel de Lassay (Assemblée nationale). Les tapisseries sont dépoussiérées à l'aide d'un aspirateur à brosse ronde.

La restauratrice fait ici une opération de préservation sur site, dans la salle à manger du Cercle de l’union interalliée, à Paris, pour vérifier les relais et des fragilités possibles de la tapisserie. La tenture de L’Histoire de Don Quichotte, inspirée du roman de Miguel de Cervantès, a été le plus grand succès de la manufacture des Gobelins au XVIIIe siècle.

La conservation curative de la tapisserie
Dans ce premier cas (conserver), les parties détériorées sont stabilisées en adaptant un point de conservation qui maintient les fils de chaîne tout en créant une illusion chromatique.

La lisibilité de l’œuvre est ainsi rétablie ; cette intervention est facilement réversible grâce à une pièce de tissu placée sur le revers de la tapisserie, qui permet la lecture des points effectués.
Une toile de coton teinte est cousue par des points de maintien pour recouvrir la chaîne de la tapisserie. Différentes toiles sont découpées en fonction des parties colorées de la tapisserie.
La restauration de tapisserie

Au début de chaque restauration est réalisé un échantillonnage des couleurs. Le magasin des couleurs de l’atelier est richement pourvu en fils de soie et de laine teints par l’atelier spécialisé des Gobelins.

Le magasin de laine permet de stocker toutes les différentes couleurs de laine nécessaires aux restaurations de tapisserie en cours.

Les écheveaux de fils de soie teints sont mis sur des flûtes à l’aide d’un rouet avant leur utilisation.
Les gestes de restauration
Dans ce second cas (restaurer les tapisseries), l’objectif est de recréer le tissage comme à l’origine dans les zones lacunaires en privilégiant l’apparence et l’esthétique.

Le travail est exécuté à l’aiguille et les matériaux utilisés sont des fils de soie et de laine.

La zone lacunaire de la tapisserie est en train d'être reprisée et comblée à l'aide de fils de laine et d'une aiguille.

Le fil tendu au milieu de la tapisserie sert de repère aux restauratrices lorsqu'elles déroulent la tapisserie sur le métier.

Tassement du fil de laine servant à combler la lacune.

Restauration de la bordure de la tapisserie

Sont restaurées en priorité les tapisseries de sièges qui auront une fonction d’usage.
Outils utilisés pour la restauration de tapisserie



La réserve de laine brute
Les fils de soie brute sont reçus en écheveaux prêts à être teints par l’atelier de teinture des Gobelins. Stockés dans le magasin de l’atelier de restauration, ils sont ainsi protégés de la lumière et des variations hygrométriques.

Isabelle Bideau.