Frédéric Ruyant, Monique Frydman et le Mobilier national tissent la transparence
Une application moderne du savoir-faire des lissiers
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Frédéric Ruyant, Monique Frydman, l'atelier de recherche et de création (ARC) et la manufacture de Beauvais ont réalisé en 2009-2011 un paravent jouant sur les transparences. Il fait partie des collections du Mobilier national (GMC-610).
Préludes
Le 16 décembre 2009, la commission des acquisitions a retenu un projet de paravent baptisé Fenêtre sur cour, proposé par Frédéric Ruyant et Monique Frydman. Le premier a travaillé sur la structure métallique et la seconde sur la garniture. Cette dernière n'est pas conçue en tapisserie traditionnelle. Elle est composée de fils de chaîne en polyester argenté sur lesquels sont tissés des fils de soie blanche d'Alger, laissant souvent apparaître la chaîne. Le cadre a une double structure et comporte donc deux faces à tisser. Grâce à la transparence des fils de chaîne nus, le dessin du verso est visible au recto, offrant une double vocation voulue par les artistes : "Il cache et il révèle".
Études préliminaires
Le Mobilier national a tout d'abord effectué des essais à l'atelier de Beauvais pour vérifier si techniquement les exigences des créateurs étaient réalisables. La première difficulté a été de trouver un fil de chaîne de couleur argentée suffisamment solide et maniable et de l'ajuster sur les métiers. Du côté de l'ARC, la double structure devant recevoir les panneaux tissés était également un défi. Beauvais et l'ARC ont conjugué leurs talents. En effet, conçu par deux créateurs et avec des matériaux, une structure et unconcept innovant, le paravent fait appel à la capacité de recherche des techniciens d'art du Mobilier national.
A Beauvais, il a fallu six mois aux quatre lissiers volontaires, Fanny Florès, Gérard Michot (chef de pièce), Agnès Philippon et Katia Rayel, sous la direction de Philippe Playe, pour arriver à trouver les bons matériaux et les bonnes techniques et commencer à réaliser l'objet.


Acier chromé et charnières
Sous la direction d'Alain Rotté-Capet, Michel Fargeas et Stéphane Aguettant ont réalisé le cadre du paravent. Ses dimensions (2,5 m de haut sur 3,60 m de large ouvert) les ont conduit à créer des châssis en tubes d'acier carrés démontables pour permettre le chromage brillant voulu par l'artiste. Des charnières très larges, à double rotation pour pouvoir ouvrir le paravent dans les deux sens, ont été réalisées en laiton avec finition chromée. L'aspect final brille grâce au traitement de l'acier confié à un atelier spécialisé.

Serpentins de couleur
Sur le tissage en soie blanche, Monique Frydman a imaginé des sortes de serpentins de couleurs réalisés avec des fils de corne de moine (laine qui contient un fil de fer en armature), gainés de soie. Cette technique s'apparente à celle qu'elle avait expérimentée à la Galerie des Gobelins en créant le Mur des lisses, que l'on peut voir dans l'escalier de sortie. Ces serpentins sont ensuite cousus sur les panneaux tissés.

Écoute, échange et inventivité
Ce projet, qui traduit l'intention de réaliser des projets avec une démarche expérimentale, est le fruit d'une écoute mutuelle entre les techniciens d'art de Beauvais et de l'ARC et les artistes. Ceux-ci prennent en compte les contraintes et les suggestions émises par les techniciens, ce qui a fait considérablement évoluer le projet. Il a fallu beaucoup d'imagination et d'inventivité pour incarner l'idée initiale.
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Extrait du MN Info n°3, octobre 2010, « Beauvais et l‘ARC conjuguent leurs talents », p. 4