Encyclopédie des savoir-faire
Mobilier National

Le Tapis de Savonnerie La création de tapis dans la manufacture de Paris et de Lodève
Temps de lecture 5 min

Dsc 0047 Photo Isabelle Bideau

Partons à la découverte de la Savonnerie, une manufacture de quatre siècles, que Louis XIII avait installé dans une ancienne fabrique de savons sur la colline de Chaillot, à Paris.

Depuis cette époque, le terme désigne les tapis réalisés selon la technique du point noué.

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L'atelier de la Savonnerie en 2014, photo Isabelle Bideau

L'art de la Savonnerie

Le tapis de Savonnerie est un tissu velours fabriqué à la main.

Exécuté sur un métier vertical, il nécessite l’enchaînement d’un grand nombre d’opérations, toutes indispensables et délicates.

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Ecume, tapis d'après Frédéric Ruyant en cours de tissage en 2013, photo Vincent Leroux

Le licier travaille sur l’endroit, à contre-jour, de manière à voir le modèle et l’ouvrage face à la lumière.
Le modèle à grandeur d’exécution est placé au-dessus de sa tête.

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Une fenêtre au sol, tapis d'après André Pierre Arnal, GOB-1595, en cours de tissage en 2014, photo Isabelle Bideau

Une analyse préliminaire lui a permis de trouver une écriture technique qu’il retranscrit à l’encre sur tous les fils de chaîne. Ces traces servent à se repérer pendant le travail.

Tous les 40 centimètres, le licier roule son tissage, puis recommence l’opération des traces, et ce jusqu’à l’achèvement de la pièce.

Les gestes de création

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Tapis Trésor, d'après un carton de Jaana Reinikainen en cours de tissage en 2016, photo Isabelle Bideau
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Photo Isabelle Bideau

Le licier passe et noue la laine au moyen d’une broche.
La succession des points noués, reliés entre eux par une boucle, construit peu à peu, à chaque nouvelle rangée, l’image tissée du tapis, à raison de 8 à 20 points au cm² selon la finesse du motif.

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Photo Isabelle Bideau

Entre chaque rang de nœuds, le licier passe une armature de lin tissée horizontalement.
Cette opération lui permet de bloquer les points et de rendre le tapis encore plus solide.
Après avoir passé la broche pour réaliser un rang de points noués, le licier tasse son travail au peigne.

C’est la tonte des boucles qui fait apparaître le velours.

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Ecume, tapis d'après Frédéric Ruyant en cours de tissage en 2013, photo Vincent Leroux

Après avoir étêté les boucles, le savonnier démêle les brins de laine, puis procède à la tonte finale à l’aide de ciseaux à branches recourbées.

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Cortex, tapis d'après Christian Jaccard en cours de tissage en 2015, photo Isabelle Bideau

À la différence du XVIIIe siècle, le licier d’aujourd’hui s’appuie sur une planchette en bois, sorte de gabarit permettant de donner au velours une épaisseur régulière.

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Gros plan sur la tonte et le relevé du velours sur le tapis Cortex en 2015, photo Isabelle Bideau

La tombée de métier

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Tombée de métier du tapis GOB-1594-000 d'après François Morellet en 2014

Le jour de la tombée de métier, moment où l’on détache le tissage de son support, l’artiste et les liciers découvrent ensemble la réalisation dans son intégralité.
L’aventure qui s’achève là a commencé plusieurs mois auparavant ; elle est avant tout l’histoire du processus créatif et de la rencontre entre un artiste et des artisans d’art.

C’est un moment d’émotion intense pour tous.

La Savonnerie aujourd'hui

En 1966, un atelier supplémentaire a été implanté à Lodève, dans l’Hérault. Il était à l’origine destiné à insérer des épouses de harkis après l’indépendance de l’Algérie.

La Savonnerie inclut donc désormais deux ateliers, celui de Paris et celui de Lodève.

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L'atelier de Savonnerie de Lodève en 1990
Crédits photo

Isabelle Bideau, Vincent Leroux, Jean-Claude Vaysse.