Nuage de pixels
Un ensemble imaginé par Miguel Chevalier et le studio A+A Cooren design
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Pionnier de l’art virtuel et du numérique, Miguel Chevalier utilise l’informatique comme moyen d’expression dans le champ des arts plastiques depuis plus de quarante ans. Conçu avec les designers A+A Cooren, l’ensemble mobilier permet de s’asseoir dans un « nuage de pixels ».
L’ensemble de salon est composé d’un tapis de Savonnerie, d’un canapé, de deux fauteuils et d’une table loupe.
Histoire d'un tapis
Le tapis Nuage de pixels, d’une surface de 4,48 mètres sur 3,20 mètres a été tissé d’après un tirage numérique acquis en 2016 par le mobilier national (n° d'inventaire SA 125).
Équipe de tissage : Christophe Pellissier, Camille Boivin, Vanessa Souadet, Marie Bataille, Justine Héricourt, Cynthia Drulhe. Aidés de : Gwendaline Venet, Margot Parcillie, Eric Leynaert, Frédéric Lakhssassi, Laurène Brissonneau, Halima El Hadri.
Le pixel, point de forme carrée qui constitue une image numérique, est le sujet de l’œuvre tissée par la manufacture de la Savonnerie.
Trois lissiers permanents, assistés ponctuellement d’un quatrième lissier, ont travaillé sur ce projet durant deux ans dont Christophe Pellissier qui en était le chef de pièce. « Nuage de pixels est un ensemble de carrés de deux centimètres alignés entre eux. Au départ, Miguel Chevalier souhaitait qu’ils soient tissés uniquement en noir et blanc. Après avoir échangé avec lui, nous avons convenu d’utiliser une gamme de sept tons pour adoucir le rendu. Cinq gris, un blanc et un noir ont été choisis. »
Afin d’obtenir un alignement parfait des carrés entre eux, les lissiers ont procédé par rangée en tissant de façon coordonnée chacune d’entre elles. Le tout en synchronisant leur vitesse de tissage pour avancer à rythme égal.
La régularité était impérative. « On tissait la même rangée en même temps grâce aux repères. Ensuite nous passions la duite en lin pour la tenir. Puis un lissier de l’équipe tassait toute la rangée en s’aidant d’un niveau laser pour s’assurer que celle-ci soit droite. » Rigueur et discipline ont guidé l’équipe pour ce projet. Christophe Pellissier, accoutumé à la technique du travail à la rangée a ainsi partagé son expérience avec les lissiers moins expérimentés. Tous les carrés ont été numérotés lors de la réalisation du calque.
Le calcul des quantités de laine nécessaires s’est fait sur cette base.
Le salon
Ce tapis fait partie d’un ensemble de deux fauteuils, d’un canapé et d’une table loupe (également appelée table compte-fils). Les assises sont le fruit d’une collaboration entre Miguel Chevalier, pour la conception des motifs, et le studio A+A Cooren design, pour les formes. Les prototypes ont été réalisés par l’ARC (Atelier de recherche et de création du Mobilier national) et l’atelier de tapisserie d’ameublement s’est chargé de leur garnissage et revêtement. La table loupe a entièrement été imaginée par le studio A+A Cooren et sa réalisation a été confiée à la société Dacryl. En PMMA (polyméthacrylate de méthyle), plastique transparent appelé couramment plexiglas, avec une propriété optique exceptionnelle, la table a pour fonction de grossir les motifs de la Savonnerie. C’est d’ailleurs cet aspect qui a le plus intéressé Christophe Pellissier pour ce projet : « A travers la surface vitrée de la table loupe, les pixels du tapis grossiront. Les pièces de mobilier ont été ajustées pour fonctionner entre elles et avec le tapis. Les pieds des chaises initialement pointus ont, par exemple, été arrondis pour ne pas abîmer la Savonnerie. ». La table a été finalisée en 2020.
Marie Agouzoul, MN MAG, n° 3, oct.- nov. 2020.
Twitter, compte du Mobilier national, 27.12.2020 (tombée de métier du tapis de Savonnerie).
Œuvres de Miguel Chevalier dans les collections du Mobilier national, sur MN-LAB.
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